L’incidence des tumeurs du pénis est variable selon les pays. C’est un cancer très rare en Europe mais en forte augmentation. En France, l’incidence est estimée à 1 cas pour 100 000 hommes, soit moins de 1 % de l’ensemble des cancers.

Il survient généralement dans le courant de la 6 ème décennie avec un maximum vers 80 ans.

Environ 90 % des tumeurs apparaissent au niveau du gland et/ou du prépuce. Les tumeurs primitives du corps pénien sont beaucoup plus rares, en revanche les tumeurs secondaires, localisées aux corps caverneux, témoignent d’une maladie systémique.

Le phimosis

Le cancer de la verge survient essentiellement chez les sujets n’ayant pas subi de circoncision et pour lesquels une hygiène locale n’est pas suffisante.

Un phimosis est associé dans 25 à 75 % des cancers de verge.

Qu’est-ce que le phimosis ?

Le prépuce est un repli de peau mobile entourant le gland de la verge.
Le phimosis est un rétrécissement de l’extrémité du prépuce ou orifice préputial qui empêche de décalotter complètement et facilement le gland (le dégager en coulissant le prépuce).

Les deux formes de phimosis et leurs causes

Le phimosis du nourrisson et du très jeune garçon

C’est un phénomène normal, puisque le nouveau-né présente un prépuce long, avec un orifice souvent étroit, qui adhère au gland. Généralement, ce phimosis n’a aucune conséquence gênante et disparaît spontanément. En effet, avec la croissance du pénis et l’apparition des premières érections « réflexes » dès la petite enfance, le prépuce s’assouplit peu à peu. Le gland se décalotte et se recalotte alors facilement, le phimosis disparaît ainsi naturellement. Chez la plupart des garçons, cette évolution spontanée advient, en général, avant l’âge de cinq ans. Parfois, elle a lieu plus tardivement dans l’enfance, voire à la puberté.

Le phimosis de l’adulte

Il peut s’agir d’un phimosis existant depuis l’enfance, qui n’a jamais disparu.

Parfois, le phimosis apparaît, alors que le décalottage était aisé auparavant (on dit que le phimosis est « acquis »). Dans ce cas, c’est la peau de l’extrémité du prépuce qui s’est épaissie suite à :

    • un traumatisme (par exemple, décalottage forcé et répété du prépuce) ;
    • une maladie de la peau du prépuce (eczéma, psoriasis, lichen…)

Quelles sont les éventuelles complications d’un phimosis ?

    Si le phimosis subsiste après 5-6 ans, il peut provoquer parfois :

    • des difficultés pour uriner (si le prépuce est très serré autour du gland). Cela se manifeste par exemple par un jet d’urine très fin, un gonflement du prépuce par accumulation d’urine sous la peau ;
    • une balanoposthite (infection du gland et du prépuce). Elle se traduit par une inflammation de la peau du prépuce et du gland qui sont rouges et gonflés, des sensations de brûlures en urinant et dans certains cas un écoulement de pus ;
    • un paraphimosis (étranglement du gland par l’anneau préputial rétréci). Ce phénomène arrive après une érection ou un décalottage forcé chez des personnes ayant un phimosis.
    • Le recalottage est alors impossible. Il s’ensuit un étranglement et un gonflement du gland par l’anneau préputial (ou orifice préputial) avec douleur et réduction de la circulation sanguine du pénis. L’intervention rapide, voire urgente du médecin est nécessaire.

     

    Chez l’adulte, en plus de ces complications, le phimosis peut également se manifester sous la forme de douleurs lors des érections, gênant ainsi la vie sexuelle.

    Par ailleurs, l’adulte atteint d’un phimosis non traité présente un risque accru de cancer de la verge.

Le manque d’hygiène, un facteur de risque de cancer du pénis

Le défaut d’hygiène, aggravé par l’existence d’un phimosis (affection du pénis) empêchant tout décalottage, augmente le risque de cancer du pénis.

En effet, le développement microbien peut entraîner une inflammation impliquée dans le développement du cancer. Ainsi, on recommande un nettoyage classique à l’eau et au savon après décalottage (sans forcer), puis séchage. Et après avoir uriné, bien essuyer le gland afin de ne pas laisser de l’urine acide s’infiltrer sous le prépuce, ce qui favoriserait l’inflammation.

Les autres facteurs de risque :

    • Une maladie dermatologique du gland ou du prépuce susceptible de provoquer un cancer dans un second temps.
    • Une infection par les papillomavirus, des virus sexuellement transmissibles, également responsables de verrues.
    • L’âge : le cancer du pénis touche plus souvent des hommes de plus de 60 ans.
    • Les relations sexuelles non protégées, les partenaires multiples, une vie sexuelle débutée à un jeune âge.
    • La circoncision : les preuves ne sont pas suffisantes mais la circoncision pourrait protéger du cancer du pénis en favorisant une meilleure hygiène et en prévenant le phimosis.
    • Le tabagisme.

Les symptômes d'un cancer du pénis peuvent être les suivants :

    • Une lésion ou une masse au niveau du gland ou du prépuce, parfois sur le pénis, douloureuse ou non, qu’une guérit pas.
    • Une rougeur localisée sur le pénis.
    • Une irritation.
    • Un épaississement de la peau du pénis.
    • Un prépuce qui ne se rétracte pas complètement (phimosis).
    • Un écoulement malodorant ou un saignement du pénis ou sous le prépuce.
    • Des démangeaisons ou une sensation de brûlure sous le prépuce.
    • Une boursoufflure du pénis.
    • Une masse au niveau de l’aine.

En pratique, l’apparition d’une rougeur persistante sur le pénis, qui donne lieu progressivement à une boursouflure, pas forcément douloureuse, doit amener à consulter sans délai.

Ce n’est qu’au cours de l’évolution de la tumeur qu’apparaissent brûlures, démangeaisons, saignements et augmentation de volume du gland.

Les symptômes tardifs

    Ensuite, quand la tumeur grossit et se propage à d’autres organes, d’autres signes peuvent apparaître :

    • Changement morphologique du pénis.
    • Ulcération.
    • Douleur osseuse.
    • Perte de poids.
    • Maux d’estomac.

     

Les signes

Il s’agit, le plus souvent, d’une tumeur visible affectant le pénis.
Parfois, un phimosis, le plus souvent ancien, changeant d’aspect, peut amener à consulter.
Des douleurs peuvent aussi être révélatrices de la maladie.

 

Le Bilan

A l’examen, le spécialiste constate l’existence, dans deux tiers des cas, d’une tumeur du gland ou du sillon balano-préputial qui se présente souvent sous la forme d’une tâche érythémateuse qui s’ulcère.

Le diagnostic de certitude est l’anatomo-pathologique après réalisation d’une circoncision large.

Outre l’examen clinique, une IRM pénienne permet d’apprécier l’extension en profondeur.

La chirurgie

Le traitement local doit être agressif car, au début, le cancer de la verge est essentiellement une maladie locale.
Les techniques proposées varient d’une simple circoncision avec examen extemporané péri-tumoral jusqu’à l’amputation totale de verge en passant par l’amputation partielle.
Une urétérostomie périnéale est donc parfois nécessaire.
Une lymphadénectomie inguinale et/ou iliaque (curage ganglionnaire) est nécessaire en cas de localisations ganglionnaires.

La Curiethérapie

La curiethérapie est une option validée pour les cancers de stade T1b ou T2.

Elle est précédée, 10 à 14 jours par une circoncision large, réalisée idéalement dans le même temps que la procédure du ganglion sentinelle.

Le traitement est fait en débit de dose pulsé ou en bas débit de dose (fils d’iridium), plus rarement en haut débit de dose. La prescription est de 60 à 65 Gy dans le volume cible et le débit de dose est de 0,4 à 0,6 Gy/h.

L’implantation est réalisée après cicatrisation de la circoncision, sous anesthésie générale ou péridurale et comporte

    • La mise en place d’une sonde urinaire ;
    • L’implantation d’aiguilles interstitielles (espacement idéal de 12 à 18 mm),

Les autres options

La radiothérapie externe (RTE) peut être une option.
La chimiothérapie est, quant à elle, surtout utilisée en cas de dissémination de la maladie : adénopathie(s) fixée(s) ou métastase(s).