La recherche clinique a pour but l’évaluation de nouveaux traitements du cancer et l’accès précoce pour les patients à des traitements innovants. Elle vise à améliorer la prise en charge et le traitement des cancers grâce notamment aux essais cliniques. Les protocoles de recherche biomédicale peuvent porter sur de nouveaux médicaments ou associations de médicaments, de nouvelles façons de les administrer, de nouvelles techniques de traitement, de diagnostic, de prise en charge ou de prévention. Les études cliniques cherchent d’abord à déterminer le profil de tolérance d’une molécule avant de s’assurer de son efficacité ou de sa supériorité thérapeutique par rapport à un autre traitement.

Aujourd’hui les essais restent l’unique moyen scientifique de démontrer la qualité et la véracité d’une information sur l’efficacité ou la sécurité des médicaments.

Nous distinguons deux types d’essais cliniques avec et sans bénéfice direct pour le patient. Dans le cadre d’une étude avec bénéfice direct, le sujet inclus dans un essai peut en tirer un avantage thérapeutique. Les essais cliniques peuvent donc avoir plusieurs objectifs :

    • Alimenter le progrès scientifique,
    • Permettre au patient l’accès aux traitements innovants,
    • Aller vers l’autorisation de Mise sur le Marché (AMM) d’un médicament dans une indication donnée,
    • S’assurer de la non-dangerosité du produit,
    • Faire progresser les techniques médicales (chirurgie, imagerie …)

Le développement de nouveaux médicaments impose de mesurer la balance entre Bénéfice et le Risque. Un médicament n’est proposé aux malades que si les facteurs de risques encourus sont inférieurs au bénéfice attendu.

Il existe donc deux types d’essais cliniques mais ceux-ci présentent également différentes phases de développement.

Les différentes phases de développement d’un essai clinique

Phase 1

Objectifs : Premières administration à l’homme. Pharmacocinétique et dynamique.
Critères principaux : Recherche de la toxicité, Recherche de dose, Recherche méthode et voie administrable.
Nombres de patients : Faible taille d’échantillon (10 à 40).
Type de sujets : Patient en phase terminale
Lieu d’investigation : Centre hospitalier spécialisé.

Phase 2

Objectifs : Première administration à des patients malades, tolérance et recherche d’un signe d’efficacité.
Critères principaux : Recherche d’activité (PD), confirmation de la dose Interactions (médicament, alimentation), pharmacogénétique.
Nombres de patients : Faible taille d’échantillon (40 à 100).
Type de sujets : Patient en phase terminale
Lieu d’investigation : Multicentrique.

Phase 3

Objectifs : Recherche de preuve d’efficacité et/ou de supériorité du produit. Vérification statistique de l’hypothèse. Confirmation de la tolérance (recherche d’effets secondaires rares).
Critères principaux : Essai comparatif thérapeutique, interactions médicamenteuses.
Nombres de patients : Grands échantillons (> 300).
Type de sujets : Patient très ciblés (critère stricte d’âge, de catégorie ou de degré d’évolution de la maladie). Protocole stricte sur les modalités d’application et de suivi du traitement.
Lieu d’investigation : Multicentrique, Internationale, ouvert aux centres hospitaliers et privés.

Phase 3b

Objectifs : Recherche de l’efficacité dans une nouvelle indication thérapeutique.
Critères principaux : Essai comparatif thérapeutique, interactions médicamenteuses.
Nombres de patients : Grands échantillons (> 300).
Type de sujets : Ciblage plus large des patients qui seront traités dans les mêmes conditions que la pratique habituelle.
Lieu d’investigation : Multicentrique, Internationale, ouvert aux centres hospitaliers et privés.

Phase 4

Objectifs : Amélioration des connaissances sur la tolérance du produit.
Critères principaux : Pharmaco épidémiologie, Pharmaco vigilance, Pharmaco économie.
Nombres de patients : Très grands échantillons (> 1000).
Type de sujets : Tous types de patient dans le cadre de l’AMM du produit.
Lieu d’investigation : Ouvert.

La recherche clinique est soumise à la Législation française et européenne.

L’encadrement juridique

    La législation française

    • Loi Huriet-Sérusclat : Loi n°88-1138 du 20 Décembre 1988 (J.O du 22 Décembre 1988), modifiée par la loi n°90-86 du 23 Janvier 1990 (J.O du 25 Janvier 1990, la loi n°90-549 du 2 Juillet 1990 (J.O du 5 Juillet 1990 et la loi n°91-73 du 18 Janvier 1991 (J.O du 20 Janvier 1991).
    • Loi de santé publique n°2004-806 du 9 Août 2004 du Code de la santé publique. Cette loi modifie la loi 88-1138 du 20 Décembre 1988, dite loi Huriet-Sérusclat et fixe les conditions des recherches biomédicales pratiquées et organisées en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales.
    • Loi de programme n°2006-450 du 18 Avril 2006 pour la recherche (articles 31 à 33)
    • Loi n°2005-1719 du 30 Décembre 2005 des finances pour 2006 (article 153)
    • Décret n°2006-477 du 26 Avril 2006, relatif aux recherches biomédicales, pris en application de la loi de santé publique.

    La législation européenne

    • La déclaration d’Helsinki : celle-ci a été rédigée et adoptée par l’association médicale mondiale (World Medical Association WMA), dès 1964, et constitue une déclaration de principes éthiques fournissant des recommandations aux médecins et autres intervenants de la recherche médicale menée sur les personnes et que l’on retrouve également dans leurs grandes lignes dans la convention d’Oviedo ou « Conventions pour la protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine : Convention sur les Droits de l’Homme et de la biomédecine » au niveau européen. Elle a été signée (mais non ratifiée) par la France le 4 Avril 1997.
    • La directive européenne 2001/20/CE
    • La directive européenne 2005/28/CE
    • Les Bonnes Pratiques Cliniques (BPC)

L’objectif est de favoriser l’accès à tous les patients à des soins de qualité.

Accès à l’information des patients

Un registre des essais cliniques en cancérologie est accessible à toutes les personnes via le site internet de l’Institut National de la Cancérologie (www.e-cancer.fr). L’objectif de ce registre est de garantir aux patients et aux professionnels de santé une information optimale, à jour et de qualité sur les essais cliniques en cancérologie en cours en France. Les essais sont recensés par localisation anatomique et par spécialité. Ce classement permet ainsi à l’internaute d’entreprendre des recherches ciblées dont les résultats sont présentés sous forme synthétique ou détaillée.

Le Réseau Régional de Cancérologie de Picardie a constitué un registre des essais cliniques ouverts dans la région. Celui-ci est accessible via le site internet du Réseau Régional de Cancérologie.

La participation des patients aux essais cliniques

La recherche clinique a pour but ultime d’améliorer les traitements existants, ou de les remplacer par des thérapies plus efficaces ou mieux tolérées, en garantissant la sécurité des patients en terme d’efficacité anti-tumoral et de toxicité.

La réalisation d’une recherche biomédicale doit préalablement avoir obtenue l’avis favorable du Comité de Protection des Personnes (CPP) ainsi que l’autorisation de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS).

L’initiateur d’un protocole de recherche biomédicale est appelé le promoteur. Il peut s’agir d’une institution publique (Centre Hospitalier universitaire, Fédération de cancérologie) ou privée (laboratoire pharmaceutique). Le promoteur a obligation de souscrire à une assurance en cas d’accident ou faute entrainant un préjudice lors du protocole.

La personne physique qui dirige et surveille la réalisation de l’essai est le médecin investigateur. S’il propose au patient de participer à un essai clinique, il doit lui fournir une information précise sur le déroulement de l’étude : objectifs, méthodologie, traitement, durée, droits du patient, risques, bénéfices attendus. La remise d’un document écrit d’information est obligatoire en même temps qu’un formulaire de consentement.

Le consentement doit impérativement être recueilli avant toute participation du patient à l’étude. Le consentement doit être libre, personnel, éclairé, écrit et exprès. Le patient peut retirer son consentement à tout moment sans encourir aucune responsabilité.

Le formulaire de consentement sera signé par le sujet et le médecin investigateur :

    • 1 exemplaire sera remis à la personne participant à la recherche,
    • 1 exemplaire sera conservé par l’investigateur et placé à l’intérieur du cahier d’observation,
    • 1 exemplaire sera remis au promoteur de l’étude.

Pour participer à un essai clinique, la personne atteinte d’un cancer doit répondre à des critères bien définis et décrits dans le protocole de l’essai clinique. Ce sont les critères d’inclusion et d’exclusion. Le respect de ces critères garantit la fiabilité des résultats.

Le recrutement d’un Attaché de Recherche Clinique (ARC) s’inscrit dans une politique volontaire de dynamisation de la Recherche Clinique en cancérologie : oncologie médicale, radiothérapie, imagerie.

La recherche clinique repose sur une exigence de rigueur, et impose un suivi à la lettre du protocole. Le respect des procédures imposées par la recherche (examens complémentaires supplémentaires à effectuer par le patient, la récolte et la transmission de manière régulière d’informations précises au promoteur de l’essai) impose une programmation précise des actions par un personnel formé et exigeant, en complémentarité avec les médecins, les infirmières et le personnel de la pharmacie oncologique, tous impliqués dans la prise en charge des patients atteints de cancer. Les services de radiologie, d’anatomopathologie et de médecine nucléaire sont également souvent impliqués dans les protocoles de recherche clinique de cancérologie, notamment par le développement des nouvelles techniques d’imagerie et les apports de la biologie moléculaire.

La recherche clinique est pilotée par l’association ARCOCEA dont le Président est le Docteur Michel GOZY.

Les missions de l’ARC

L’ARC doit s’assurer de la qualité, de la fiabilité et de l’authenticité des données scientifiques recueillies dans le cadre de la réalisation des essais cliniques. L’activité peut se résumer par différentes étapes qu’engendre la participation à un essai thérapeutique.

    • Instaurer une dynamique réelle est sérieuse,
    • Inventorier et actualiser les essais cliniques dans chaque discipline,
    • Rechercher et évaluer la faisabilité des essais cliniques,
    • Contacter les investigateurs responsables de l’étude clinique, les chefs de projet et arcs promoteurs,
    • Créer des partenariats avec les sociétés savantes et laboratoires,
    • Suivi des conventions associatives et établissements,
    • Veiller au bon déroulement des protocoles,
    • Activation du protocole dans le service : gestion de la mise en place des essais sur site,
    • Formation et information des investigateurs et des participants à l’étude clinique (pharmaciens et personnel médical),
    • Repérer et screnner les patients potentiellement incluables : fiches RCP, réunion RCP,
    • Aider les investigateurs (aide technique, logistique) afin d’augmenter les inclusions,
    • Procéder à l’inclusion et/ou la randomisation du patient après information et recueil du consentement par le médecin en charge du patient,
    • Assurer la surveillance des patients pendant et après la phase de traitement : préparer le suivi des patients inclus dans un protocole de recherche biomédicale : élaboration du calendrier de suivi, remplir les questionnaires de qualité de vie avec le patient, assurer la partie de la recherche translationnelle,
    • Recueil des données précises et cohérentes : suivi du data ou mise à jour des données dans le CRF ou eCRF,
    • Transmission au promoteur qui centralise ces données pour les analyser afin de déterminer le rapport bénéfice / risque du traitement testé,
    • Assurer la déclaration des SAE (événements indésirables graves) : transmission des documents à la pharmacovigilance du centre promoteur,
    • Gestion et archivage de la documentation de l’étude clinique et des documents administratifs et réglementaires.

L’ARC se situe à l’interface entre le médecin investigateur et le promoteur représenté par une société savante ou un laboratoire.

Les promoteurs d’études cliniques

Les organismes promoteurs institutionnels et académiques

    • L’institut National de la Cancérologie (INCa) : Agence sanitaire scientifique en cancérologie. L’un des objectifs de l’INCa est de favoriser la recherche clinique afin d’atteindre l’inclusion de 10% des patients atteints d’un cancer des une étude de recherche biomédicale.
    • La Fédération Francophone de la Cancérologie Digestive (FFCD) : Association de professionnels de santé dont le but est la formation et la recherche en cancérologie digestive via la conception d’études cliniques et de monitoring,
    • L’Intergroupe Francophone de la Cancérologie Thoracique (IFCT) : Association qui a vocation à faciliter le développement de la recherche clinique et/ou biologiques dans le domaine de la cancérologie cervico-faciale,
    • La Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (UNICANCER) : Institution coordonnant notamment les recherches épidémiologiques, cliniques et fondamentales,
    • Les Centres Hospitaliers Régionaux Universitaires (CHRU).

Les organismes promoteurs industriels
Les promoteurs industriels sont représentés par les laboratoires pharmaceutiques. Ces laboratoires font de plus en plus appel à des sociétés de recherche sous contrats, les Contract Research Organization (CRO), qui organisent et garantissent la qualité des données receuillies.