L’immunothérapie prend une place de plus en plus importante dans le traitement des cancers aux côtés du trépied thérapeutique classique que constituent la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.

L’immunothérapie regroupe des stratégies thérapeutiques très différentes selon qu’elles mobilisent ou renforcent les ressources du système immunitaire du malade (immunothérapie active) ou au contraire qu’elles utilisent des réactifs immunologiques apportés de l’extérieur (immunothérapie passive).

Elle constitue un volet important de ce qu’on appelle maintenant les thérapies ciblées.

L’immunothérapie passive consiste en effet à administrer au malade des anticorps artificiels (dits « monoclonaux ») produits en laboratoire. Ils sont destinés à viser une cible moléculaire précise présente de façon plus ou moins spécifique à la surface des seules cellules cancéreuses. Ce sont ces cellules qu’elles vont attaquer et détruire, un peu comme ferait un missile à tête chercheuse. On utilise aussi des anticorps contre des facteurs nécessaires à la multiplication des cellules malignes dont on bloque ainsi la prolifération.

C’est une famille entièrement nouvelle de médicaments issus de la recherche biologique et dont les premiers sont apparus il y a quelques années seulement. Leur nombre et leur variété augmentent très rapidement et ils sont de plus en plus utilisés en complément de la chimiothérapie classique.

Notre système immunitaire possède des armes qui peuvent détruire les cellules cancéreuses. Malheureusement, ces armes ne fonctionnent pas toujours assez bien pour contrer la formation d’une tumeur, soit parce que des défenses immunitaires sont affaiblies, soit parce que la tumeur est suffisamment« furtive » pour ne pas être détectée par le système de surveillance de l’organisme.

Le principe de l’immunothérapie anti-tumorale est d’améliorer le fonctionnement du système immunitaire en agissant sur l’un ou l’autre de ces deux aspects.

    • L’immunothérapie active se pratique selon plusieurs modalités: l’immunothérapie non spécifique : cette approche vise à stimuler l’activité globale du système immunitaire, sans cibler la tumeur particulière d’un malade. On peut utiliser pour cela des molécules nommées cytokines (par exemple l’interféron alpha) qui stimulent la prolifération des cellules immunitaires. On se sert aussi dans certains cas (cancer de la vessie, par exemple) de BCG à forte dose, celui-là même qui sert à vacciner contre la tuberculose.
    • L’immunothérapie spécifique ou vaccination thérapeutique: cette stratégie thérapeutique consiste à prélever, à mettre en culture et à manipuler au laboratoire les cellules tumorales ou les cellules immunitaires du malade avant de les lui réinjecter. Dans le premier cas, on cherche à rendre les cellules tumorales plus immunogènes, c’est-à-dire plus « visibles » par le système immunitaire. Dans le second cas, on cherche à stimuler les cellules immunitaires pour les rendre plus agressives et plus efficaces pour détruire la tumeur. Dans les deux cas, ces manipulations consistent à introduire un gène approprié dans les cellules du malade cultivées en laboratoire dans des conditions qui ne pourraient être réalisées sur le malade lui-même.

Il faut bien souligner que l’on parle ici de vaccination thérapeutique qui n’a rien à voir avec la vaccination préventive des maladies infectieuses (tétanos, poliomyélite, etc). Dans ce dernier cas, on vaccine des sujets sains pour les empêcher de contracter une maladie alors qu’ici on tente de stimuler le système immunitaire du malade contre une maladie qu’il a déjà contractée. Les seules vaccinations préventives en matière de cancer sont la vaccination contre l’hépatite B et les papillomes qui se pratiquent sur des sujets sains. Encore ne protègent-elles que contre des virus qui sont des facteurs de risque importants de la maladie mais pas les seuls agents responsables.